Contre un mur oublié, aux pierres volcaniques<br />
Neuf pneus pas neufs crevaient, posés, la mine sombre.<br />
Un panneau bien pimpant couleur de République<br />
Jetait du tricolore au-dessus des décombres<br />
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Et promettait de l’huile à deux gonds asthmatiques<br />
Rouillés et tout perclus, n’en pouvant plus de l’ombre<br />
Et de l’humidité gênant leur mécanique.<br />
Passa un photographe ; constatant le surnombre<br />
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D’objets inanimés, avec son troisième œil<br />
Il fixa la réclame, la porte, les gonds en deuil<br />
Sous la vaine promesse de lubrification…<br />
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Mit le tout sur son blog avec un grand sourire :<br />
L’« art à gonds » était né sous nos acclamations.<br />
(Poète inoxydable, pardonne mon délire !)
Art à gonds, Les Rendez-vous in les Adieux :<br />
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Tu m'as quitté par toutes les portes<br />
Tu m'as laissé dans tous les déserts<br />
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Je t'ai cherchée à l'aube et je t'ai perdue à midi<br />
Tu n'étais nulle part où j'arrive<br />
Qui saurait dire le Sahara d'une chambre sans toi<br />
La foule d'un dimanche où rien ne te ressemble<br />
Un jour plus vide que vers la mer la jetée<br />
Le silence où j'appelle et tu ne réponds pas<br />
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Tu m'as quitté présente immobile<br />
Tu m'as quitté partout tu m'as quitté des yeux<br />
Du cœur des songes<br />
Tu m'as quitté comme une phrase inachevée<br />
Un objet par hasard une chose une chaise<br />
Une villégiature à la fin de l'été<br />
Une carte-postale dans un tiroir<br />
Je suis tombé de toi toute la vie au moindre geste<br />
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Tu ne m'as jamais vu pleurer pour ta tête détournée<br />
Ton regard au diable de moi<br />
Un soupir dont j'étais absent<br />
As-tu jamais eu pitié de ton ombre à tes pieds